
Petit retour sur le 80km de l’EcoTrail de Paris !
Pour ce weekend de course en île de France, nous logeons ce weekend en plein Paris, dans le 2ème arrondissement. J’avais mis mon réveil pour être prêt à quitter l’appartement vers 09h mais je suis debout bien avant…
Ressenti mitigé… On ne peut pas dire que je suis dans une euphorie sans nom !
Le stress de la longueur de la course qui m’attend prend le dessus et j’ai du mal à me réjouir.
Allez p’tit déj assez rapide et je quitte l’appartement, direction le métro, ligne 4, pour rejoindre la Gare Montparnasse, où je dois prendre un Transilien qui m’emmènera sur le départ du 80km de l’EcoTrail. J’ai une bonne heure de trajet tout compris.
Arrivée à la gare Montparnasse, il est 09h : p’tit coup d’œil sur les écrans des départs. Le prochain train vers Saint-Quentin en Yvelines part à 09h05, pas envie d’attendre 30mn pour prendre le suivant, je fonce vers la voie 10 pour réussir à le choper.
Je monte dans le train. Aucun doute, je suis bien au bon endroit. Le wagon est rempli de traileurs qui vont au même endroit que moi.
Hop une petite place de libre. Je me pose et laisse trainer mes oreilles : ça discute dur ! prépa, dénivelé, …
Ça renforce ma légère angoisse car n’étant pas historiquement un coureur à pied, j’ai toujours un léger syndrome de l’imposteur par rapport à tous ces gars qui me paraissent affutés à bloc ! Bon… je repense à ma prépa qui a été sérieuse et qui, « sur le papier », doit me permettre de correctement finir la course.
Quelques messages d’encouragements de copains sur mon tél qui font plaisir, et on arrive sur le site de départ.
Là je retrouve
Nicolas, du GDM (un habitué des ultras !). Une ou deux petites photos pour le partage avec le club et on se place en SAS4. Départ programmé à 11h45, après les 3 premières vagues de 500 coureurs chacune. Au total 3000 coureurs se sont alignés sur la plus longue distance de l’Ecotrail.
Le gagnant de l’an dernier (qui ne participe pas cette année) est là au micro pour distiller quelques derniers conseils :
« Ne partez pas trop vite, la course ne commence réellement qu’au kilomètre 20, avec les 1400 de D+ réparties essentiellement sur 40 à 50kms. »
Le directeur de course fait également son briefing. Moi le seul truc que je retiens c’est : « Le terrain est relativement gras voir boueux à certains endroits ».


11h45 : Départ - km 0.
Ça y est ! Le coup de pétard a retenti. Après un check avec Nico pour se souhaiter une bonne course, on se sépare rapidement pour chacun prendre son propre rythme de course.
Pendant la semaine qui a précédé la course, j’ai repéré les grandes lignes du parcours. Je sais que les 15 ou 16 premiers km sont plutôt très roulants. Et en effet, le parcours est très facile. En plus, alors que depuis le matin, la météo était maussade avec un ciel très gris et pluvieux, les nuages disparaissent pour laisser place à un franc soleil. Après 2 ou 3 kilomètres, j’enlève rapidement la veste de pluie, car – qui l’aurait dit ? – il fait chaud ! Première de l’année en tee-shirt à manches courtes ! Tous les voyants sont au

Ça y est le stress de l’avant course a totalement disparu, et fait place à un vrai plaisir d’être là et de courir sur des chemins inconnus. Je me sens bien. C’est le moment de la course où très naïvement, et même si tu sais que ce n’est pas vrai, il y a une infime partie de toi qui croit dur comme fer que tu vas tenir cet état de fraicheur tout au long de la course… ahahah. Oui oui bien sûr…

Bon je trouve quand même que ça court vite dans l’ensemble. Je double très peu (voir pas du tout) et me fais pas mal doubler ! Je me tiens à mon rythme « cool » : pas d’emballement, la course est longue.
P’tit passage à l’intérieur du vélodrome des Jeux Olympiques de Paris 2024 où des cyclistes sont en train de tourner. Très sympa !

14h16 : Ravitaillement du Château du Buc - km 24,8. 1532ème / 3000.
Les 25 premiers kms sont faits. Après le début très roulant, on a en effet commencé à rentrer dans le dur avec des singles un peu gras et le dénivelé qui arrive.
Le ressenti est bon. Pas de douleurs ni de bobo. Je prends le temps de m’arrêter pour me ravitailler dans ce beau parc. L’endroit me fait un peu penser aux lieux de ravito du marathon du Médoc (bon… les dégustations



en moins…).
P’tit coup d’œil sur le tél pour lire les messages d’encouragements qui me font très plaisir, et envoyer des nouvelles à Ingrid. Allez hop c’est reparti.
Km 30. « J’espère que tu as bien profité du soleil car c’est fini pour la journée ».
La pluie se met à tomber assez fort. On fait avec. Je vise le 2ème ravitaillement qui dans mes souvenirs devait arriver aux alentours du 42ème kilomètre. Bon on va pas se mentir, les jambes sont moins fraiches au 35ème km qu’au départ. La boue n’arrange rien avec de l’énergie qui disparait à cause des appuis incertains. Le rendement est clairement pas top.
La pluie s’arrête. J’arrive au 42ème km avec un p’tit coup de mou. Je me dis que je pourrais prendre un gel pour me redonner un boost, mais bon autant attendre le ravito qui ne devrait réellement pas tarder.
Coup d’œil sur ma montre. Au passage de la distance du marathon, qui coïncide à peu près à la mi-course, j’en suis à 04h55. L’objectif c’est d’être finisher bien sûr. Mais secrètement, j’avais espéré arriver au 1er étage de la Tour Eiffel en moins de 10h. Bon c’est mort, je vais sûrement passer plus de temps sur la 2ème partie que la 1ère partie. Tant pis !
« C’est bien les gars, ravito dans 1km ! »
Elle voulait sûrement me faire plaisir cette « dame du bord du chemin » en me disant ça. Bon en fait, y avait 3km…

17h15 : Ravitaillement de Meudon - km 46,6. 1374ème / 3000.
Niveau moral le plus bas de la course. J’accuse le coup à cause, je pense, d’une petite hypoglycémie (enfin c’est mon feeling du moment). Je décide de m’arrêter un peu plus longtemps qu’au 1er ravito. Je prends le temps de manger (Tuc, abricots sec, gel de glucose). De me poser et même m’assoir. Ça fait du bien.
On vient de recevoir un SMS de la direction de course qui informe les coureurs qu’un orage est à venir sur Paris.
Chouette !
En effet, le ciel est clairement noir.

Je change de teeshirt, remet la veste de pluie et j’appelle Ingrid. Dur dur, j’essaie de faire bonne figure, mais moralement c’est compliqué à gérer pour moi à ce moment-là.
Je lis un message de Vincent, qui va clairement me servir.

« C’est normal d’avoir mal aux jambes après 40 km. Les jambes ont fait la 1ère partie de la course. Pour la 2ème, c’est la tête »
Allez c’est reparti. L’orage éclate. Pluie battante. Bof… c’est pas grave, maintenant c’est : « pilotage automatique » jusqu’à l’arrivée.
Là par contre je suis sûr de la distance jusqu’au prochain ravito ; 12,2km à faire. C’est rien 12,2km hein ! La forme revient franchement, c’est même assez étonnant. Je double pas mal de gens qui trottinent ou marchent de temps en temps. Les chemins par contre deviennent franchement gras. Enfin bon, j’ai connu le Trail du Clocher Tors en janvier et y a pas de doutes : c’était encore pire qu’aujourdhui !
Petit à petit, la nuit commence à tomber et les km s’égrènent gentiment.

19h02 : Ravitaillement de Chaville - km 58,8. 1348ème / 3000.
J’arrive à l’avant-dernier ravito. La zone est totalement ravagée par la pluie. Je mange une soupe chaude, mais je me refroidis tellement vite que je décide de ne pas m’attarder. La nuit tombe, il est temps d’allumer la frontale.
J’informe Ingrid par un vocal que dans globalement 1h45 de course, je serai au dernier ravito de Saint Cloud où elle m’attendra avec les filles.
La section fait 15km mais mentalement je la découpe en 2. Je sais que le km 65 correspond au point culminant avant l’arrivée. Il restera après 2 grosses montées mais globalement le profil sera plutôt descendant ou plat jusqu’à l’arrivée.
Je me sens toujours bien et plutôt frais. La montre bippe ce km 65 qui se situe dans la forêt de Marne-La-Coquette sur un chemin forestier qui borde l’ancienne propriété de notre Johnny national. Je pensais voir Laëtitia encourager les coureurs mais j’ai dû la rater…

Au km 70 on arrive sur les hauteurs du domaine de Saint Cloud où ça y est on voit la Tour Eiffel pour la 1ère fois depuis le départ. Là, les chemins sont clairement devenus quasi impraticables avec pratiquement 0 appui. Ça devient une galère mais je me force à courir. C’est quand même de cette manière que je vais arriver à la fin le plus vite !
On entame la grande descente qui débouche sur le tout dernier ravito aux portes de Paris.

21h13 : Ravitaillement de Saint Cloud - km 73,3. 1206ème / 3000.
Je franchis la zone de cellule et je vois tout de suite les filles et Ingrid. Bol d’air ! ça me fait du bien de les voir après tant d’heures !
C’est pas encore l’arrivée mais bon ça sent bon. Fini les chemins, il reste 9 km de bords de Seine en zone urbaine. Ingrid me dit que je suis arrivé juste après Nico et en effet on se tombe dessus !
Hasard du chrono après presque 10h de course chacun de son côté. C’est top et on repart ensemble.
Les jambes commencent à être vraiment usées… Nico se cale gentiment sur mon rythme pour que l’on puisse passer la ligne d’arrivée côté à côte. Merci Nico !
Et enfin après un dernier escalier…

22h28 : Bas de la Tour Eiffel - km 82,7. 1147ème / 3000.
La Tour Eiffel est là. Fière. Sur ses 4 solides jambes qui ont 135 ans. Les 2 miennes ont « seulement » 42 ans et accusent sérieusement le coup !
On arrive sur la zone d’arrivée du bas de la Tour Eiffel qui est censée précéder la dernière montée par les escaliers pour l’arrivée mythique du 80km au 1er étage. Mais on nous dit que l’arrivée est ici, en bas... En cause, un début d’incendie au 2ème étage (je l’ai appris aujourd’hui dans les journaux) qui a forcé l’évacuation totale de la Tour.
On nous a volé notre arrivée ! un peu de déception oui, mais vite estompée par la joie et fierté d’avoir terminé, avec 0 ampoule, 0 chute, 0 blessure, une bonne gestion de course et des places grapillées à chaque ravitaillement.
Après 10h43 d’effort, je suis finisher d’un ultra trail. Pas le plus long, pas le plus montagneux, pas le plus dur, mais j’m’en fous c’est un ultra quand même !

Maintenant place au repos et RV au prochain objectif

Merci à vous et merci à "coach Rémi" pour le programme de la prépa !
